Qu’est-ce que l’Intelligence émotionnelle au travail?

Intelligence émotionnelle et travail… amis ou ennemis?

L’intelligence émotionnellecomprendre nos émotions et celles des autres et reconnaître leur importance – est la ressource clé du leadership efficace et respectueux des besoins des autres.

Le bon leader excelle dans sa tâche fondamentale : celle qui consiste à motiver et susciter des émotions positives chez ceux qu’il dirige, pour que ceux-ci libèrent le meilleur d’eux-mêmes.

Les grands leaders nous transportent. Ils nous enflamment et éveillent le meilleur de nous-mêmes.

« Susciter des émotions positives? »  Mais encore?

De toutes les théories managériales, le modèle du leadership de résonance prôné par le spécialiste de l’intelligence émotionnelle qu’est Daniel Goleman (1), a sans doute été l’un des premiers à reposer sur des liens avec la neurologie et les neurosciences. Les recherches les plus récentes sur le cerveau nous permettent ainsi de mieux comprendre l’impact que les humeurs et les actions du manager ont sur ceux qu’il dirige.

Ainsi, D. Goleman fait référence à ce que les scientifiques décrivent comme un système ouvert assurant une fonction de « régulation limbique (2) interpersonnelle », par laquelle un individu transmet des signaux qui peuvent modifier les niveaux hormonaux, la fonction cardio-vasculaire, les rythmes de sommeil et même les fonctions immunitaires dans le corps d’un autre individu. Ce processus puissant et omniprésent s’exerce le plus souvent à notre insu.

Les scientifiques ont pu saisir cette harmonisation des émotions en laboratoire, en mesurant les données physiologiques – rythme cardiaque par exemple – de deux personnes ayant une conversation agréable. A l’issue de quinze minutes de conversation, leurs profils physiologiques présentent des similitudes remarquables.

Ce processus est particulièrement fort durant la spirale ascendante d’un conflit, lorsque la colère et la douleur se propagent. D’innombrables études empiriques ont mis en lumière ce processus de diffusion irrésistible des émotions chaque fois que des individus sont en présence les uns des autres, y compris lorsque le contact est d’ordre totalement non verbal ! (3)

Une étude conduite auprès de 70 équipes travaillant dans des entreprises et des secteurs différents montre ainsi que les individus qui assistent ensemble à des réunions finissent par partager les mêmes humeurs – bonnes ou mauvaises –  au bout de deux heures.

Etre capable d’écouter les émotions d’autrui est donc une compétence sociale très importante. (4) Notamment dans un cadre professionnel.

Motivation individuelle au travail

Récemment, le neurobiologiste Jaak Panksepp (5) a mis en lumière de façon objective le fait que la motivation individuelle au travail et les émotions de base (6) se situent sur un même continuum. C’est leur intensité qui les différencie : une faible excitation/stimulation d’un système produit un « état motivationnel« , alors qu’une forte excitation/stimulation va provoquer une émotion forte.

J. Panksepp a ainsi défini quatre grands circuits des émotions, ou systèmes émotionnels, que Bernadette Lecerf-Thomas (7) a appliqué à ce qui se passe en entreprise, notamment en matière de changement et d’innovation :

1er Circuit : Désir (Emotion sous-jacente = Joie) → Exploration → Action progressiste → Créativité, découverte, envie d’avancer, de changer. C’est une Ressource à développer en priorité, bien entendu, comme facteur de motivation au travail;

2e Circuit : Détresse (Emotion sous-jacente = Tristesse) → Pleurs → En cas de contexte de Changement(s), il y a risque de perte du contact social avec les collègues (isolement)→ Respecter les Besoins de lien et d’appartenance, et de signes de reconnaissance qui sont au coeur de l’utilisation positive de cette ressource;

3e Circuit : Colère (= Emotion de base)  Agression → conquête ou défense de territoire/projet/statut → Energie combative, utile pour le changement, et essentielle dans le processus de deuil. En cas de conflit, il faut la canaliser vers le but souhaité;

4e Circuit : Peur (= Emotion de base) → Fuite → Danger de destruction (individuelle ou collective) → Immobilisme, recul, comportements passifs, résistance au changement;

Ici encore, les neurosciences permettent de comprendre les différences de fonctionnement neurologique et de découvrir comment les émotions agissent sur la « créativité individuelle et le désir d’exploration« , pour reprendre les termes de J. Panksepp.

Emotions et créativité individuelle

Pour aller plus loin, les travaux d’Elkonon Goldberg (8) précisent en effet que l’hémisphère droit du cerveau sert à appréhender le nouveau, à apprendre, à innover, à explorer et l’hémisphère gauche à stocker la connaissance accumulée par le passé, à savoir, à traiter de manière efficace et percutante des situations familières, des routines cognitives.

Elkonon Goldberg nous apprend par ailleurs que l’hémisphère gauche gère les émotions positives, et l’hémisphère droit les émotions négatives.

Hémisphères gauche et droit
Emotions et Hémisphères

Sur base de cette double démonstration, nous pouvons donc retenir que lorsqu’une personne est confrontée à un contexte connu, qu’elle dispose des connaissances utiles, qu’elle se sent bien, elle est en mesure d’utiliser au mieux ces connaissances, de façon créative. A l’opposé, quand une personne se trouve dans un contexte inconnu ou chargé d’émotion négative, sont hémisphère droit est submergé par ladite émotion et n’est plus disponible pour appréhender le nouveau, pour apprendre, pour innover et être créatif… CQFD!

Voilà donc pourquoi le bon leader excelle dans sa tâche fondamentale : celle qui consiste à motiver et susciter des émotions positives chez ceux qu’il dirige, pour que ceux-ci libèrent le meilleur d’eux-mêmes.

Intelligence émotionnelle et leadership

Vous l’aurez compris à la lecture de ces quelques éléments forcément très synthétiques, Intelligence émotionnelle et leadership vont de pair, cela ne fait plus de doute. L’influence des émotions sur les processus cognitifs et sur les comportements (9) ne s’arrête pas à la porte d’entrée des entreprises. L’apport des neurosciences en matière de management ouvre ainsi de nouvelles voies pour le développement des compétences émotionnelles des Dirigeants.

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Nous sommes à votre disposition pour vous accompagner dans ce cadre, sur base d’un programme de formation et/ou d’un coaching individualisé, tenant compte notamment de votre profil de personnalité et de votre style de communication interpersonnelle.

Direction-Performance®

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(1) GOLEMAN Daniel, BOYATZIS Richard, McKEE Annie, BORGEAUD Emily, L’intelligence émotionnelle au travail, Ed. Pearson, 2005, 352p

(2) On connait bien maintenant les trois parties que sont le cerveau reptilien qui assure nos réflexes de survie et nos réactions « primaires », le cerveau limbique qui est le siège de nos émotions et qui nous aide à évaluer si ce que nous vivons est agréable ou désagréable, et enfin le néocortex dont la fonction est de raisonner, d’analyser, de comprendre et de résoudre les problèmes.

(3) GOLEMAN Daniel, et al. pp 11-24.

(4) Carl Rogers, cité par Ilios Kotsou, in MIKOLAWJZAK Moira, QUOIDBACH Jordi, KOTSOU Ilios, NELIS Delphine, Les compétences émotionnelles, Ed. Dunod, 2009, p. 108.

(5) Cité par LECERF-THOMAS Bernadette, in Neurosciences et Management, Le pouvoir de changer, Ed. Eyrolles, 2009, pp 113-118.

(6) Les quatre émotions de base « gérées » par le cerveau limbique sont, en ordre vital de capacité de survie, la Peur, la Colère, la Tristesse et la Joie.

(7) LECERF-THOMAS Bernadette, Neurosciences et Management, Le pouvoir de changer, Ed. Eyrolles, 2009, pp 118-124.

(8) Cité par LECERF-THOMAS Bernadette, in Neurosciences et Management, Le pouvoir de changer, Ed. Eyrolles, 2009, pp 118-124.

(9) Voir Chapitre 10 « L’utilisation des émotions » in MIKOLAWJZAK Moira, QUOIDBACH Jordi, KOTSOU Ilios, NELIS Delphine, Les compétences émotionnelles, Ed. Dunod, 2009, p. 221